Nous ne pouvons pas agir seuls
Lorsque nous avons décidé de quitter la ville pour la campagne et de nous lancer dans l’agriculture, nous étions enthousiastes à l’idée d’être autosuffisants.
Nous avons parlé de cultiver nos propres jardins, de préparer notre nourriture à partir de rien, de conserver, mettre en boîte, congeler et sécher les fruits et les légumes, d’élever des poules pour les œufs, de couper notre propre bois de chauffage pour chauffer la maison et d’acquérir les compétences nécessaires pour réparer les choses au lieu de se contenter d’acheter des solutions.
Nous étions enthousiastes. Idéaliste. Un peu irréaliste. Trop optimiste. Mais il est certain qu’elle est enthousiaste !
Même après le peu de temps que nous avons passé ici, nous rions de notre idéalisme. Les efforts, l’énergie et le niveau d’organisation nécessaires pour être autosuffisant sont stupéfiants. Quelques jours après notre arrivée à la ferme, nous étions débordés et nous avons immédiatement eu l’impression d’être en retard sur tout.
Nous rions, mais notre attention n’a pas diminué. Pas du tout. Au contraire, notre expérience nous rend plus déterminés. Mais elle nous aide aussi à comprendre et à agir avec plus de clarté et peut-être, si je puis dire, un peu plus de sagesse.
Vous voyez, il y a un profond paradoxe dans ce que nous faisons ici. D’une part, nous sommes très attachés à l’autosuffisance. Oui, c’est difficile, mais c’est aussi très gratifiant. D’un autre côté, nous avons également appris qu’il n’est pas possible d’y arriver seul. Et ce n’est pas une mauvaise chose.
Dans n’importe quelle culture, dans n’importe quelle partie du monde et à n’importe quel moment de l’histoire, les hommes se sont rassemblés pour vivre, survivre, grandir et s’épanouir. Cela n’a pas changé. Cela fait partie de notre nature.
Plus nous comprenons cela, plus nous comprenons ce que nous voulions dire lorsque nous disions « nous voulons être autosuffisants ». À la réflexion, nous disions : « nous voulons revenir à des pratiques qui nous ont permis de nous sentir plus proches de la terre » ou « nous voulons nous impliquer plus directement dans les aspects essentiels de notre vie, comme la culture de la nourriture » ou « nous voulons résoudre davantage de nos propres problèmes plutôt que de nous contenter d’acheter des produits de remplacement ».
Au fur et à mesure que nous comprenions cela, tout a changé. Déménager à la campagne n’était pas un acte d’isolement ou de repli sur soi, c’était un acte de reconnexion.
Nous étions peut-être débordés, mal équipés et dépassés par les événements, mais nous avons aussi mis la main à la pâte – tout. Nous avons lentement compris ce qui se passait. C’était dur et satisfaisant à la fois.
Ce faisant, quelque chose de profondément important a commencé à se produire : nous avons commencé à rencontrer nos voisins.
Nous ne connaissions pas cette région. Le jour où nous avons acheté cette ferme, l’un de nous a mis les pieds dans la Pontiac pour la première fois. Mais lorsque nous avons appris à connaître la région et ses habitants, nous avons été stupéfaits par leur gentillesse.
Nous avons progressivement rencontré nos voisins, qui se sont montrés généreux et patients à chaque étape. Ils ont partagé leur équipement, leur expertise, leur travail et leur amitié.
Ils sont venus nous rendre visite, nous ont posé des questions, ont parcouru le terrain avec nous, nous ont gentiment fait part de leurs réflexions, ont partagé leurs expériences et nous ont aidés à éviter certains problèmes majeurs.
Si nous avons appris quelque chose, c’est que nous finissons par trouver un équilibre entre notre désir de faire les choses par nous-mêmes et la nécessité – et l’honneur profond – de les faire en communauté.
Aujourd’hui, nous nous engageons autant à renforcer notre autosuffisance qu’à établir des liens avec la communauté à laquelle nous appartenons et à la soutenir.
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